La guerre (perdue?) des blondes

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blondesLes blagues de potache, les clichés et le regard lubrique et méprisant des personnes environnantes sont une réalité quotidienne pour les blondes. Encore plus quand la nature fut généreuse avec elles…


L’humain est cruel. Il prône la tolérance, l’ouverture d’esprit et s’embourbe dans l’absurdité et l’étroitesse cérébrale, pour se retrouver au niveau des ruminants. On dit des vaches qu’elles écartent la bête contaminée, comme nous avec une créature à l’affriolante chevelure jaunâtre. Si les animaux ont l’excuse de rejeter la fétide effluve de la mort, les Hommes sont impardonnables. A moins qu’un illustre scientifique prouve que la blonditude d’un sujet est la cause de la dépravation intellectuelle de la société et des excès lascifs de nos jeunes générations.

Discrimination

Quelle sont les différences entre un pot de confiture de groseille et un autre bocal rempli de gélatine de porc ? Le goût, le prix et un futur surplus adipeux, si vos volontés ont opté pour le morcellement des groins. Néanmoins, les deux sont de la nourriture, qui diffèrent selon les préférences de chacun. Faisons un parallèle, sans machisme, avec nos âmes sœurs. Sous prétexte qu’elles seraient « blondes », leur matière grise serait rachitique et leurs seins pointeraient plus que de raison ? Pourtant, celles-ci sont humaines, comme une brune dévergondée ou une rousse libertine…

 

Bien entendu, quelques vannes peuvent se comprendre et doivent être tolérées par cette espèce en voie d’extinction (les blondes naturelles sont menacées par les fausses blondes). Néanmoins, entendre quotidiennement un rire balourd, après une remarque concupiscente ou sur une supposée ânerie due à couleur capillaire, devient rapidement pesant psychologiquement. A l’instar de la gélatine de porc, il faut être modéré, afin de ne pas consumer les nerfs féminins et éviter un pénible aller-retour dans les gencives.

Une blonde, c’est pour s’amuser

L’imagination est malveillante. Prenez un pont brinquebalant, mais incassable, reliant deux falaises. Même le plus sage des hommes aura des craintes, car sa damnée imagination s’emportera dans l’hypothèse fortuite. De fait, une blonde est prestement vue comme une bête de foire, ou, au mieux, comme une tigresse en rut. Une bêtise prononcée, une maladresse, un sous entendu gauche et innocent (« attends, donne moi ta queue » au billard par exemple) et cette fille sera bien plus visée que si elle avait eu le bonheur de naître brune.

 

Ce constat se vérifie à chaque soirée entre amis. La blonde devant être la gaffeuse, celle qui détend l’atmosphère, mais que personne ne prend au sérieux. Son environnement, surtout masculin, n’envisage pas une seule seconde que sous cette enivrante chevelure se cache, peut-être, des soucis. Elle reste la chose, qu’on exhibe comme un trophée de chasse, en marge des gens ayant un cerveau (elle est blonde, elle est forcément potiche). Il est inconcevable qu’une telle personne ait des sentiments, des soucis. Elle doit se taire, se recroqueviller et accepter la réalité. Elle est blonde bon sang ! Un peu de sérieux, posez-vous avec des brunes, des châtains, des rouquines ou des chauves. Par contre, si vous voulez du bon temps…

Jalouse, la brune !

La femme objet n’est pas propre à la blonditude. Ce phénomène est simplement plus élevé chez elles. Les raisons semblent inhérentes à l’embrigadement sévissant depuis des décennies sur notre esprit, notamment à travers la dictature de l’image. Une bimbo ? Souvent blondasse. Un scandale orgasmique ? Encore une garce jaunie par la chirurgie ! Une imbécilité profonde à un jeu télévisé ? La même rengaine. De surcroît, le symbole de Barbie ou de la princesse blonde made in Disney a appliqué une leçon humaine à nos enfants « Oui mon trésor, c’est une très jolie fille, une blonde aux yeux bleus. Oui, mon bébé, c’est une blonde qui a glissé sur la peau de banane ». Ce semblant d’explication n’a pas pour but d’être exhaustif. Il caricature seulement notre pensée eu égard de ces douces créatures.

 

Leur procès est encore plus sectaire lorsque la beauté et les formes opulentes garnissent leur divine silhouette. Leurs consœurs jalouseront ces « filles faciles », redoublant de rumeurs fallacieuses et poseront un regard plus sévère sur chaque fait et geste de cette « blondasse ». Même si certaines n’auront pas ces idées-là en tête, au point de devenir amies avec les boucles d’or, elles resteront sur leurs gardes, quand un homme élira domicile, dans le cœur de ces femmes tolérantes.

Exclusion

Il serait absurde de nier que le blond attire l’œil. Une couleur vive, qui dépareille dans le grisâtre actuel, attirera toujours l’attention, notamment masculine. Toutefois, l’immense paradoxe blondassier est ici.

 

Cette sémillante femme est entourée. Elle s’amuse, rigole, au milieu de personnes l’appréciant et se moquant affectueusement d’elle. Que la vie est belle en surface. Que l’existence parait aisée pour celle à qui rien ne peut résister. Détrompez-vous. Une blonde, une authentique, souffrira jusqu’à ce qu’elle trouve la personne tentant de la déchiffrer et passer outre sa séduisante apparence. Si certaines ont des amies au cœur pur et sincère, la plupart se retrouvent seules face à un monde ne leur octroyant pas les mêmes droits que les cheveux sombres. Epiées, de part et d’autre, en proie aux pulsions salaces de ces messieurs, les blondes sont branchées sur le courant « marche ou crève ». Un décolleté et le chaleureux terme de poufiasse vous vomit à la figure. Une envie d’être aimée pour autre chose que vos fesses et votre poitrine, et la bizarre sensation d’avoir des cornes au-dessus de vos oreilles pousse.

 

Nous ne sommes pas au paradis mesdemoiselles, attendez votre tour. L’humanité existe sur Terre, par petit monticule. Seulement, une brune est devant vous. Il vous reste l’option « sous le bureau, maquillé au mascara blanc ». Et en silence. Il serait peut-être temps de l’ouvrir pour autre chose…

 

Romain Molina